Depuis de longues années, les amoureux de Colombes, associations et citoyens, s’inquiètent à propos du clocher de l'ancienne église. Aujourd’hui, la situation vient de s’accélérer et exige une action d’urgence. Ce qui devait arriver est en train de se produire : la structure même de l’édifice menace de s’écrouler. Des étais de bois, posés dans la précipitation, viennent aujourd’hui supporter une voûte sur le point de voir les piliers qui la soutiennent, s’écarter et finalement s’effondrer.
Trois directions s’ouvrent à la municipalité, propriétaire du site dont la situation juridique reste encore floue depuis sa destruction en 1969. Le Maire peut choisir de laisser l’anéantissement du clocher se prolonger, en n’intervenant qu’à la marge (ce qui est le cas aujourd’hui). Il peut imaginer réparer la voûte seule, laissant la restauration d’ensemble pour plus tard, fragilisant encore le clocher lui-même. Enfin, la seule troisième option pourrait sauver le clocher : mener un véritable chantier de restauration globale et choisir d’affecter le site à une destination utile à la commune.
Chacun connaît ce repère, cette flèche symbolisant Colombes. On sait moins son histoire et les affres de sa destruction. A l'époque gallo-romaine, un site religieux devait prendre place sur cette colline, loin des crues de la Seine, dominant la vallée, faisant face à Argenteuil. Pendant le Haut Moyen-Age, une église, comme partout en Ile-de-France, y est alors probablement édifiée. Un cimetière s'installe autour. Cette fois, des preuves archéologiques existent sous forme de sarcophages en plâtre de l'époque mérovingienne, dont un exemplaire est exposé au musée municipal. Ils ont été découverts par Jean Lefèvre lors de la destruction de l'église, sauvés in extremis par son intervention au moment où les pelleteuses allaient en faire leur affaire.
Au XIIe siècle, au moment où l'abbé de Saint-Denis étend son aura sur l'ensemble du petit royaume capétien, Colombes est doté d'un édifice monumental, roman, dont le chœur et le clocher conservent encore aujourd'hui quelques traces.
Comme pour tous les édifices ruraux, l'église Saint-Pierre Saint-Paul de Colombes est successivement agrandie, réparée voire restaurée au long des siècles, notamment au XVIIe siècle et surtout au XIXe siècle, ne laissant que très peu d'éléments d'origine. Lors de la première percée de la future avenue de Verdun, au milieu du XIXe siècle, le plan est même profondément remanié ; le clocher prend l'apparence qu'on lui connaît aujourd'hui, à la fin du XIXe siècle.
En 1960, la ville se transforme de façon irrémédiable. Les barres, immeubles et larges avenues cassent l'idée du village ancestral. Seule, la rue Saint-Denis donne encore aujourd'hui l'idée de ce à quoi pouvait ressembler Colombes il y a cent ans. A ce moment, là, on décide d'ouvrir une large percée pour relier l'avenue Henri Barbusse au boulevard de Valmy, en détruisant l'église et créant l'ilot abritant aujourd'hui Monoprix. Ce projet, imaginé depuis l’avant-guerre, devient réalité. La décision prise, la destruction a lieu en 1969, sous le mandat de Dominique Frelaut élu en 1965. Tout le monde est d'accord pour abattre l'édifice, pourtant en partie inscrit à l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques depuis 1937 : les religieux, les politiques, les administratifs, y compris la commission du Vieux Paris. L'église est jugée composite, sans caractère ou trop vétuste, bref, bonne à jeter !
Un petit groupe de bénévoles autour de Jean Lefèvre ne l'entend pas de cette oreille, fait signer des pétitions, publier des articles dans la presse pour faire plier les autorités. Il obtient la sauvegarde du clocher et d'une partie du transept que nous voyons aujourd'hui. Un vitrail du XVIIe, également épargné, est remonté au fond du cœur.
Des éléments du portail, de la chaire, de l'autel d'une des chapelles sont eux aussi sauvés pour être entreposés depuis lors dans un hangar municipal humide... Les éléments sculptés, vitrés sont vendus ou récupérés pendant la destruction (certains sont peut-être chez vous ?). Ainsi, en 2002, nous retrouvions des blocs, à Argenteuil, pour les présenter sous le clocher, pendant les journées du patrimoine. Ils n'ont malheureusement jamais été mis à l'abri depuis lors.
Le clocher menace ruine. Des pierres se détachent, des infiltrations d'eau menacent sa stabilité, la coque de béton posée sur la voûte du transept déséquilibre les piliers et la pollution ronge les sculptures. Il faut agir pour restaurer le clocher, si nous voulons le conserver.
Pour quelle destination ? Un Office de Tourisme, dont le design et le visage restent à définir, permettrait de lui donner vie et d'utiliser son rôle de marqueur essentiel dans le paysage colombien.
Si d'autres idées vous viennent en tête, n'hésitez pas à les proposer !