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Le Racing-Métro 92

 

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26 décembre 2018 3 26 /12 /décembre /2018 15:20

Les dernières semaines ont terrifié les Parisiens. Et nous avec. Ici, on n’aura d’ailleurs guère retenu que les vandales, les barbares hyper-violents qui cassent tout, pillent tout. Le choc et le dégoût. Ouf, le plus gros a l’air d’être passé. Merci aux forces de l’ordre.
Mais, il faut pourtant s’interroger. A Colombes, pas de Gilets jaunes. Vous en avez vu ? Moi pas. Peut-être parce qu’il n’y a aucun rond-point ? Alors quoi, notre ville serait hors du temps, de l’histoire, du mouvement ?
Regardons un peu ce que cela pourrait bien vouloir dire. Il est urgent pour tous ceux qui veulent penser la ville et entendent proposer quelques idées, de se pencher sur ce phénomène, surtout si les symptômes qui sont visibles partout, demeurent invisibles chez nous. 
Si les manifestations étaient d’abord sociales, nous – Colombes - aurions bien sûr dû réagir aussi. Des pauvres qui souffrent, il y en a à Colombes. Si celles-ci avaient une dimension identitaire, des gilets jaunes auraient dû aussi apparaître : l’immigration est l’une des composantes majeures de notre population à Colombes depuis 70 ans. Si, enfin, elles portaient un profond rejet de l’impôt, nous aurions pu le constater aussi, car nous affichons dans notre ville une pression fiscale plus forte que chez nos voisines. Mais rien. Alors quel est le moteur profond de ce mouvement ?
Je crois qu’il y a deux phénomènes principaux qui se croisent et rendent la réaction inflammable. Premièrement : les Français qui ont disparu des cartes, des schémas, des statistiques, des planifications par un effet de « rationalisation » du territoire, conséquence d’une vision mondialisée et de l’inaction de certains barons locaux. Bref, la France de 2e zone, celle qui n’est plus desservie, plus reliée, plus subventionnée, plus reconnue, plus représentée. Celle qui a disparu.
Secundo : les élites (ou qui prétendent l’être) ont lâché le peuple. La responsabilité, le devoir qui s’était imposée à elles : cette mission ancestrale de protection, de respect, de lien entre le pouvoir et le peuple, le terrain, ce rôle d’interlocuteur, d’intermédiaire, de protecteur autant que de stabilisateur. Tout cela se délite, faisant des plus faibles, des citoyens sans relais, sans appuis, sans écoute. Abandonnés. D’autant plus avec la fin du cumul des mandats qui isole le député du maire. Les responsables politiques se retrouvent hors-sol et déconnectés de la population. Un dédain certain et une grande condescendance remplacent le devoir de protection de nos élites. 
L’abandon du peuple par son élite et sa disparition des radars de la modernité ? Voici les deux comburants de l’incendie.
A Colombes, cette lecture de la cause du mouvement - double faillite des politiques publiques - ne s’applique pas. Et c’est bien la raison pour laquelle notre ville s’est tenue à l’écart. On est connecté. Pas assez, mais tout de même dans le peloton de tête du pays. On est plutôt écouté : la représentation politique locale, départementale et régionale, expérimentée, ne s’est pas complètement éloignée de sa population. L'ouverture d'un cahier de doléances comme à Gennevilliers serait à ce titre une bonne manière d'améliorer la gouvernance municipale et de s'assurer d'une bonne écoute de ses concitoyens. Reste que si cette caractéristique locale, majeure et propre au maire, demeure une garantie de la solidité du maintien de notre lien social à Colombes, ces deux composantes essentielles doivent encore être solidifiées pour maintenir notre cohésion et développer notre commune à l’avenir. Car, s’il n’y avait pas de Gilets jaunes visibles, il y en avait sûrement beaucoup d’invisibles qui réagiront – à juste raison - si ce fragile équilibre venait à s’effriter.

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