Je me suis demandé pourquoi on avait choisi la formule "Grenelle". La référence à mai 1968 est assez curieuse, surtout quand on en dénie les bienfaits. D'autant qu'à l'époque, les négociations avec les syndicats débouchèrent certes sur une hausse généralisée des salaires, mais n'avaient pas vraiment permis de mettre fin "aux évènements". Après les accords de Grenelle, le 27 mai, la France était toujours bloquée. Il avait fallu attendre le 30 mai 1968 et l'annonce par le Général de Gaulle de la dissolution de l'assemblée et du référendum, suivie de l'immense vague gaulliste sur les Champs-Elysées, pour sortir de la crise.
Alors, un "Grenelle" de l'environnement ? Pour offrir aux organisations écologistes tout ce qu'elles sont venues chercher ? Mais va-t-on vraiment sortir quelque chose de tout ça ? Voyons comment cela s'organise.
Les groupes de travail - comprenant des ONG, représentants des entreprises, des salariés, du service public, des experts - sont au nombre de 6 :
- « lutter contre les changements climatiques et maîtriser la demande d’énergie »
- « préserver la biodiversité et les ressources naturelles »
- « instaurer un environnement respectueux de la santé »
- « adopter des modes de production et de consommation durables »
- « construire une démocratie écologique »
- « promouvoir des modes de développement écologiques favorables à l’emploi et à la compétitivité »
+ deux intergroupes sur les OGM et la gestion des déchets.
Ils ont rédigé chacun un rapport contenant des pistes de réflexion. Sur le site du Grenelle, nous sommes appelés, à partir d'aujourd'hui, à participer et débattre sur la centaine de ces propositions, dont la fameuse écopastille pour les véhicules polluants ou la baisse de 10 Km/h sur route et autoroute. N'effrayons pas tout le monde, toutes ces idées ne se transformeront pas en lois. Nathalie Kosciusko-Morizet, Secrétaire d'Etat à l'Ecologie, indiquait dans le "Ripostes" d'aujourd'hui sur France 5, que l'idée de taxe ne pouvait être crédible que dans la mesure où le choix d'une autre solution existait, et qu'elle préferait l'incitation à l'interdiction. Tant mieux.
Seulement voilà. A côté de ce principe intéressant, deux questions n'apparaissent pas dans le Grenelle : le nucléaire et les biocarburants. Sous prétexte que le consensus ne se fait pas autour d'eux, ces thèmes ne sont pas abordés comme ils le devraient, alors qu'ils sont, aujourd'hui pour le premier, ou seront demain pour le second, essentiels à notre monde. C'est la que le "Grenelle" montre ses limites.
La seule légitimité décisionnelle, c'est le gouvernement, ce ne sont pas les ONG. Les choix de civilisation, s'ils peuvent être éclairés par tel ou tel, ne sauraient être l'apanage de groupes de pression, mais bien des représentants de la volonté populaire. Ayons le courage de poser le problème de cette manière, si l'on veut vraiment prendre des décisions.
Pour que ce sujet essentiel puisse dépasser les simples chapelles, je vous invite à participer à la réunion interrégionale du Grenelle :
Mardi 17 octobre, de 14h à 17h30
Espace Culturel du Parc
1 avenue Marceau à Drancy