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Le Racing-Métro 92

 

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23 août 2007 4 23 /08 /août /2007 08:44

Construire une ville, c'est d'abord faire preuve d'humilité. Notre intervention n'arrive qu'après celle d'autres et ne se situe qu'avant de nouvelles. Nous ne devons pas être des démiurges. Ne nous prenons pas pour des faiseurs de monde ! Nous risquerions de briser, bien plus que de construire. Haussmann a bien endossé ce costume, dans une certaine mesure, me direz-vous. Qui osera prétendre vouloir lui ressembler ? La ceinture rouge a également voulu bâtir la ville à l'image de son idéal doctrinaire. Quand on pense être au centre de tout, on ne mesure plus la nature forcément éphèmère de notre être et de notre action, face à la longue histoire du monde.

Faudrait-il alors surtout ne rien faire ? Non ! Notre principale mission doit être cependant celle de gérer du fragile, de transmettre un patrimoine urbain, écologique, social, historique, etc.., toujours menacé de disparition. Alors, traitons la ville comme un bien commun à entourer de beaucoup d'attentions, un ensemble organique dont les racines et les ramures forment un système délicat, capable de se briser ou de périr, si on l'attaque à la tronçonneuse ou au bulldozer.

Colombes est à un écosystème qu'il ne faut pas traiter comme un ensemble mécanique que l'on peut réparer en changeant des pièces. Chacun de ses éléments forme un système complexe qui vit en interaction avec un autre. Le temps n'est plus aux remèdes de cheval ! Alors, le premier principe à observer pour respecter notre ville sera l'abandon des politiques urbaines publiques d'aménagement global. Les Zones d'Aménagement Concerté (créées en 1967) ne devraient plus être utilisées comme l'outil habituel de gestion urbaine. A Colombes, comme ailleurs, les quartiers à rénover (réparer?) ont été souvent bâtis à l'aide d'instruments réglementaires comme les ZAC. Les nouveaux ensembles urbains sont aussi préparés à l'aide des ZAC. La ZAC sert à geler un périmètre, en le sortant du droit commun pour y appliquer un régime d'exception qui porte comme objectif final le contrôle public total de la zône par l'achat, la préemption ou l'expropriation des terrains s'y trouvant. Comment utiliser encore ce procédé autoritariste, violent et globalisant, qui détruit en un instant les liens tissés par la ville pendant des décennies, voire des siècles. Il faut abolir les ZAC comme principe d'aménagement de base. Notre ville a trop pâti de cet outil.

Le prolongement de la ZAC est la CODEVAM. La Société d'Economie Mixte (privée mais para-municipale) est l'organisme principal de mise en oeuvre de la ZAC. C'est l'homme de main de la politique de l'urbanisme à Colombes. Auparavant, la CODEVAM était utilisée pour bâtir des milliers de mètres carrés de logements sociaux, comme au Petit-Colombes. La moitié de la ville était une ZAC. La CODEVAM, âme damnée de la politique globalisante de l''urbanisme de Colombes, est ainsi un fantôme du passé communiste qui était agité pour exproprier et bâtir des HLM. Aujourd'hui, son rôle est devenu plus simple et plus complexe. A la fois chargée de clôturer et d'équilibrer les nombreuses ZAC créées avant 2001, c'est à dire les valoriser en favorisant des opérations d'accession à la propriété, et installer de nouvelles activités tertiaires, la CODEVAM multiplie les projets en fondant son champ d'application sur des zones définies auparavant. C'est la politique du comblement. Après avoir boucher le trou financier laissé par la municipalité communiste (et socialiste), il reste à combler toutes les ZAC laissées en jachère. Mais, lotir ces espaces, c'est créer des blocs qui ne pourront s'intégrer dans le tissu urbain. C'est remplacer un déséquilibre par un autre.

Il faut sortir de cette logique, de cet enchainement. Colombes doit enfin, pouvoir échapper à cette réflexion qui consiste à penser qu'elle n'est  qu'un terrain de jeux pour apprentis urbanistes. Il faudra refuser la ZAC et dissoudre la CODEVAM pour commencer à réfléchir à la manière de faire évoluer notre cité, tout en respectant son rythme et le sens de son évolution. L'Ilot 19 (Le Village) n'a pas eu besoin d'une ZAC pour exister. Et c'est sans doute l'opération qui s'intégre le mieux dans son espace urbain. La raison est simple à trouver : le Village n'a pas eu à s'imposer avec une ZAC. La CODEVAM n'est donc pas intervenue.

Le rôle de la municipalité n'est sans doute pas celui d'un constructeur. Personne ne demande à des élus de bâtir des quartiers à chaque mandature. Pourtant, jamais la ville n'a été autant le jouet de politiques, souvent contradictoires. Jamais, l'intervention publique n'a été aussi forte dans son développement urbain. Tout passe par la commune, de l'autorisation de vendre à celle de bâtir, de l'initiative de création d'un immeuble à la réalisation d'une zone commerciale. Tout est municipalisée. C'est trop. Je pense que notre rôle doit s'arrêter à définir, accompagner et contrôler les lignes générales du plan d'urbanisme. Ce sont les règles du jeu. Les fixer sont de notre responsabilité. Mais, nous devons nous garder de jouer à la place des joueurs, tout en étant arbitres et spectateurs à la fois. Pour réussir notre ville, il faut que chacun assure ses missions. La nôtre consiste à élaborer le Plan Local d'Urbanisme, juste après les élections, pour réfléchir ensemble à notre ville de demain.

Alors, avant de jouer aux pseudo-constructeurs et de prendre notre ville pour un grand Légo, prenons le parti de ne plus utiliser des pouvoirs spéciaux. Engageons-nous à accompagner notre ville dans son évolution, en garantissant l'intégration des nouveautés dans son corps ancien. Mais, pour cela, encore faut-il la comprendre, sans la contraindre !

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