Monsieur le Commissaire Enquêteur,
Je souhaite déposer une contribution au débat autour du nouveau PLU (Plan Local d'Urbanisme) de Colombes.
Elle tend à mettre en question trois points essentiels :
- Un PLU qui se contredit entre le PADD et la future réglementation
- Un PLU qui passe outre l’avis des Colombiens
- Un PLU qui est déconnecté de la réalité intercommunale et de l’avancée réelle du projet du Grand-Paris
Le PLU se contredit quand il annonce, au sein du PADD, vouloir « Préserver et valoriser le secteur pavillonnaire », alors qu’il indique, cette fois dans le cadre du future règlement que la Zone UD qui regroupe toute la zone pavillonnaire se verrait amputer de près de 11 hectares, passant en 10 années, d’environ 363 à 352 hectares, soit 1% du territoire de Colombes qui serait impacté et trouverait 3% de cette zone grignotée.
Colombes peut s’enorgueillir d’avoir la plus grande zone pavillonnaire du Département des Hauts-de-Seine, et située au plus près de Paris : 9400 pavillons répartis sur plus des 2/3 du territoire de la Ville. L’existence de ce tissu résidentiel est un vecteur identitaire et un pôle d’attractivité de notre Ville qu’il convient de conserver. Or, le PLU est contredit par le PADD dans cet objectif affiché. Les nouvelles propositions de zonage sortent ainsi de la zone UD des pans entiers du quartier pavillonnaire qui subit une érosion au profit de la construction de collectifs importants (Glissement en zone UB, principalement, au COS non réglementé), au mépris de la volonté affichée.
A noter d’ailleurs que cette zone pavillonnaire n’est pas composée que de gros pavillons cossus puisqu’elle accueille de nombreux immeubles collectifs et de petites maisons. Ce tissu pavillonnaire est donc un déjà un exemple de mixité sociale : petites et grandes maisons y voisinent, toutes sortes de situations financières y coexistent, des plus riches aux plus pauvres…
On est donc loin de l’image de quartiers occupés prétendument par une poignée de privilégiés que ce PLU tend à montrer quand, dans le PADD, il est annoncé vouloir « Faire évoluer la ville et diversifier le parc de logements » en ajoutant du logement aidé au sein de cette zone pavillonnaire où le parc social est jugée « peu représenté ». La réalité est tout autre. L’habitat social voisine déjà avec le pavillon cossu, au sein des immeubles de rapports, privés, érigés au XIXe siècle et au début du XXe. Le diagnostique établi par le cabinet GUY TAIEB CONSEIL, en charge de l’élaboration du PLH, me paraît ainsi insuffisant dans son analyse quand il ne perçoit pas cette mixité déjà existante pour ne donner l’image que d’un quartier homogène dans une structuration sociale élevée. Le plan d’action qui en résulte et qui préconise la construction de logements sociaux de manière systématisée aux Vallées, dans la Petite-Garenne, et Agent-Sarre, (30% de logements sociaux pour les opérations privées de plus de 1 500 m² de surface de plancher) apparaît ainsi reposer sur une lecture erronée de la situation sociale réelle de la zone pavillonnaire.
- Le point suivant concerne les zones « Thales » et « Yves-du-Manoir ». 5% du territoire, soit 33 000 m².
Il est indiqué qu’une procédure de révision simplifiée ou modification du PLU devrait avoir lieu sur ces 2 secteurs, pour préciser ultérieurement les intentions sur ce secteur.
Comment ne pas être surpris de voir débattu un PLU qui se trouve, de fait, amputé du contrôle de pans aussi importants du territoire urbain ? Comment ne pas rester songeur face à un débat public tronqué, en l’absence de repères fiables sur l’avenir de ces terrains ?
Cette absence de clarté sur ces secteurs déterminants remet en cause la volonté affichée par la le PADD ainsi formulée : « Pour garantir une qualité de vie et offrir des services et des équipements à la population, la Ville de Colombes se fixe un seuil de population entre 85 000 et 90 000 habitants à horizon 2020 ». Or, si l’on calcule en prenant en compte l’ensemble des potentialités des sites, le niveau démographique de Colombes dépasserait vraisemblablement les 100 000 habitants, autour de 2020.
Le PLU passe outre l’avis des Colombiens quand on s’exonère ainsi du débat public sur ces zones aussi essentielles au développement de notre ville, pour préférer un passage ultérieur, en catimini, devant la représentation municipale, dans le cadre plus restreint de la révision
simplifiée, à celui plus ouvert, de l’adoption générale du PLU.
- Déconnecté de la réalité, il est indiqué dans les panneaux de présentation (par exemple : plu.colombes.fr/panneaux-plu-final.pdf), que l’insertion du PLU se ferait dans une intercommunalité composée tantôt des villes d’Asnières, Bois-Colombes, Gennevilliers, Clichy et Saint-Ouen… tantôt d’Asnières, Bois-Colombes, Gennevilliers, Villeneuve-la-Garenne…
On le voit bien : cette inscription dans un contexte intercommunal aux contours flous, révèle une absence de repères clairs sur l’avenir de la zone considérée, et ne manque pas d’interpeller sur la réalité de la cohérence affichée du PLU colombien avec un contexte intercommunal.
Une autre approche affichée au départ du PLU, s’appuie sur le futur réseau du Grand-Paris. Prenant en compte une arrivée du nouveau Métro à Colombes, le PLU s’engage ainsi dans une démarche sans réellement connaître la décision finale qui sera prise pour la réalisation de cet « arc » aujourd’hui, à l’état de simple hypothèse de travail, non budgétée et à échéance non fixée (après 2025, c'est-à-dire hors des limites chronologiques du PLU).
L’inscription du PLU dans cette double incertitude, place le Plan dans un contexte déconnecté, risquant de lui faire perdre de la cohérence quand les arbitrages seront rendus et même, de le voir caduc s’ils sont défavorables, remettant en cause le fond des analyses et orientations prises.