Les Zones d'Aménagement Concertées ont été créées en 1976-1977 par la loi nº 76-1285 du 31 décembre 1976.
Elles succédaient aux ZUP instaurées pour répondre aux besoins urgents et massifs de logements dans les années 60. C'était la grande période des Zones à Urbaniser en Priorité, des "grands ensembles" qui allait devenir "les Cités" ou "les Quartiers".
A Colombes, les ZUP puis les ZAC ont servi d'outils à la municipalité communiste pour construire, sur toute la frange nord de la commune, de nouveaux quartiers. Auparavant, ces zones, situées sur les zones inondables de la Seine (Cf : crue de 1910), étaient inconstructibles. La création des grands bassins de retenue libére ces terrains qui sont désormais disponibles à la création d'ensembles urbains devant répondre à la pénurie de logement et à la pauvreté sous-jacente. (bidonvilles, etc...). C'est la création des Fossés-Jean, du quartier de l'Europe, des Grèves et du Petit-Colombes. Et de la fracture urbaine que nous connaissons aujourd'hui.
Ainsi, les ZUP et les ZAC ont rempli leur objectif principal : créer rapidement du logement de masse. En effet, elles permettent aux commune de prétendre à un contrôle quasi absolu sur une partie définie de leur territoire, en la retirant du droit commun et du marché commercial pour la céder à un aménageur privé, semi-privé (CODEVAM) ou public, en concertation avec la commune. Mais il s'agissait d'une solution radicale pour répondre à des besoins urgents. Une mesure d'exception pour une situation exceptionnelle.
ZUP de Metz-Borny
Mais aujourd'hui, à quoi servent-elles ?
L'urgence a disparu. Les ZAC sont alors souvent détournées de leurs premières missions pour servir aux opérations de lotissement, à l'apparition de nouveaux quartiers en accession à la propriété, à des terrains de loisirs, de commerce, etc.. Bref, les ZAC servent à tout sauf à construire du logement d'urgence, du logement public. Levallois a, par exemple, été transformé avec des ZAC.
Il me semble aujourd'hui essentiel de penser à nouveau le développement de la ville. Cet outil autoritaire, qui n'entraîne aucune concertation (sauf avec l'aménageur, c'est à dire sans les riverains, les propriétaires préemptés ou expropriés), ne répond plus aux besoins actuels de participation des habitants. Il faut que la commune s'érige, non en monarque absolu, mais en arbitre politique, soucieux à la fois des intérêts collectifs et du droit individuel. La concertation doit retrouver sa définition juste, pour être au coeur de toute opération d'urbanisme. Le Permis de Construire, accordé dans le cadre du Plan d'Occupation des Sols ou du Plan Local d'Urbanisme, doit rester l'outil principal du représentant municipal pour accompagner le développement de sa commune. Parce qu'il s'agit de cela à Colombes : le maire, trop souvent, s'est arrogé le droit, grâce à la ZAC, de transformer radicalement le paysage urbain, s'érigeant en maire-bâtisseur. Or, une ville ne peut se développer par ruptures, soubressauts, à marche forcée. L'expérience des années 60-70 a montré ses limites. Il semble absurde que les outils légaux qui ont été utilisés lors de cette période soient encore d'usage et servent encore à modeler la ville.
Parce qu'il faut du temps. Des dizaines d'années parfois pour faire évoluer un quartier qui vient s'ajouter à un centre souvent multi-millénaire. Pour que toutes les parts d'une commune trouvent leur place, il faut du temps. Aucune action brusque et radicale, comme la ZAC, ne peut laisser le temps de digestion nécessaire à une ville pour assimiler un nouveau quartier. Deux échelles se confrontent : le long et le court terme. Une réflexion globale doit s'engager pour ne pas sacrifier l'un à l'autre. A Colombes, le Maire doit accompagner le développement urbain en définissant un PLU, outil de long terme, concerté et négocié avec la population, suffisamment précis pour dégager des lignes claires. Les ZAC ne servent alors plus à rien. L'opération de l'Ilot 19, dîte "le Village", rue Saint-Denis, s'est réalisée sans le vote d'une ZAC. L'alternative existe.
Aujourd'hui, la ZAC représente le symbole d'une façon dépassée de penser la ville, de gérer une commune comme Colombes. Il faut la remplacer par une nouvelle approche évolutive, plus proche, plus concertée et donc plus efficace. Pour ne pas avoir à détruire sans cesse ce qu'a fait trop vite la génération précédente.
