En lisant le journal municipal, on est frappé par le décalage de ce qu’on lit, avec ce qu’on vit…Comme si rien ne s’était passé…Bien sûr, me direz-vous, quand la maquette a été bouclée, rien n’était encore arrivé…Pas si sûr pourtant ! Le monde financier, économique et bientôt, social (c'est-à-dire nous) est en train d’être heurté de plein fouet par un tsunami (d’aucuns ont comparé la crise à un virus, ou à des déchets toxiques, etc…).
Je vous invite d’ailleurs à lire l’analyse de Laurent Trupin en la matière.
Comment le budget communal va subir ce raz-de-marée ? Que va-t-il se passer pour notre ville ?
Ces questions sont évidemment délicates et seule une boule de cristal permettrait de prédire toutes les conséquences à court, moyen et long terme de ces bouleversements.
Nous pouvons cependant esquisser quelques nouvelles données avec lesquelles il va falloir compter, notamment pour composer le prochain budget primitif de 2009 qui sera discuté en conseil municipal à la fin de l’année. Et elles sont inquiétantes.
La première donnée est déjà connue depuis longtemps. C’est la baisse, voire la suppression de la Dotation Urbaine de Solidarité. Pour Colombes, c’est environ 3 millions d’euros en moins. L’Etat se désengage en effet depuis de nombreuses années et accompagne financièrement de moins en moins les communes. Cette perte est douloureuse pour le budget communal, tant ce dernier est tributaire de l’Etat. Ce manque d’autonomie avait été pointé par notre liste MODEM lors de la campagne. Il va falloir trouver de nouveaux fonds et l’accueil de nouvelles entreprises, génératrices de Taxe professionnelle, permettait de compenser largement ces pertes et d’augmenter la capacité budgétaire de notre ville. L’Etat ne sera plus d'aucun secours. Il ne faudra plus compter sur lui pour boucler notre budget. Les projets de l'ANRU pourront-ils même être menés jusqu'à leur terme ?
La taxe professionnelle, en second lieu, déjà bouleversée par des réformes peu bénéfiques à l’égard des communes avec la modification de son calcul, est évidemment adossée à la dynamique des entreprises installées à Colombes. La crise frappe de plein fouet le secteur économique et il est vraisemblable que les recettes fiscales vont en être durement affectées, au fur et à mesure que les projets de bureaux vont être annulés. Sans compter les dépots de bilan des petits commerces et PME de notre ville...
En guise de troisième point, le yoyo des prix des matières premières, au premier rang desquelles le pétrole, s’il se poursuit, exigera une provision plus importante qui limitera nécessairement les dépenses de fonctionnement, quand il sera répercuté sur l’ensemble des fournitures et biens commandés par la municipalité (écoles, services publics, etc…).
Le quatrième impact direct est corrélé à la chute des ventes de l’immobilier colombien. Chaque transaction entraîne le paiement de taxes en tous genres, dont les fameux droits de mutation versés au budget communal. Depuis 2002, ils ont permis, avec l’augmentation fiscale des 30%, de générer des recettes extraordinaires qui ont servis à désendetter les Colombiens pour atteindre des records d’épargne positive, consacrant la marge budgétaire retrouvée après les années noires communistes.
Un cinquième point encore flou, mais dont il va falloir tenir compte, est l'inflation forte que prévoit les écomomistes pour les années à venir. Une augmention du budget en conséquence doit donc être envisagée si l'on veut conserver le même niveau de services au bénéfice des Colombiens, et non pas baisser les impôts, comme cela a été décidé.
Mais, le sixième point, sans doute le plus important, concerne les investissements dont Colombes a un si intense besoin depuis si longtemps. Parce qu'elle n'avait pas anticipé l'arrivée de la récession (la crise des subprimes avait pourtant déjà éclaté !), la nouvelle municipalité applique son programme idéologiquement sans se préoccuper du contexte économique, et a décidé de jeter l'argent si chèrement prélevés sur les Colombiens par les fenêtres : gel des loyers, baisse des impots, quotient familial, etc.. Il n'y a donc plus d'argent pour les investissements. Pourtant les besoins sont immenses, tant l'état de notre ville est par endroit encore tout à fait déplorable (Ecoles, voirie, etc...). Et la remise à plat des services municipaux attend toujours d'être entreprise pour optimiser les coûts de fonctionnement.
Mais le maire a déjà dépensé toutes les marges de manoeuvres en faisant son propre paquet fiscal...à destination de son électorat.
Vous l'avez compris, notre situation sera très difficile dans les années à venir et la réponse de la muncipalité n'est pas à la hauteur de la crise, tant elle agit comme si rien n'avait changé. A situation de crise, mesures de crise et budget de crise, c'est à dire draconien. Evidemment, ce discours responsable risque de ne pas plaire...